[Article modifié le 20/03/2020 par Myriam TRAPASSI]
Lorsqu’il s’agit « d’entrer en nous », au cœur de notre subjectivité, nous nous sentons déstabilisé, nous n’avons pas l’habitude de porter le regard dans nos intériorités, mais bien davantage à l’extérieur de nous-mêmes.
« L’aventure intérieure », livre écrit par Darpan est une formidable occasion pour nous permettre de rentrer en nous, nous dépolluer de tous nos encombrants, et nous permettre de nous rapprocher de notre être véritable.
Je vous propose un court extrait :
« Quel étrange paradoxe : ce que nous avons appris et accumulé ne se révèle d’aucune utilité quand il s’agit de découvrir ce que nous sommes réellement. Toutes ces années passées sur les bancs d’études ne nous aident pas à croître ni à démanteler l’inextricable sac de nœuds de nos problèmes personnels. C’est pourtant dans ces domaines précis que nous avons le plus besoin d’être guidés, aidés et encouragés, car tout ce que nous faisons et pensons prend racine dans notre corps, au cœur de nos terres intimes. Lorsque celles-ci sont envahies d’émotions douloureuses, contaminées par les souffrances du passé ou desséchées au point de ne plus rien laisser fleurir, nous n’avons aucune chance, malgré nos sécurités et notre confort, de trouver un contentement profond, la liberté et l’Amour. Le monde de grisaille, de violence, de complications et de souffrances que nous avons créé à l’extérieur est le reflet terrible de notre monde intérieur.
Nous sommes invités à aller à l’aventure de nous-mêmes, à entrer au cœur de notre intériorité, et à arpenter une route invisible, étroite, sinueuse, jusqu’à la réalisation de notre vraie nature. Nous devons creuser ce chemin avec notre intelligence et notre ressenti, avec du cœur et du cran, pour découvrir, dans notre chair, une vérité vivante que les mots et la raison ne peuvent saisir.
On ne décide pas de s’engager dans pareille entreprise. Cette aventure nous happe à travers une aspiration irrationnelle vers le dépassement de soi. Mouvement évolutif ? Appel de l’âme ? Émanation directe de la vraie nature, cette aspiration débute par une prise de conscience, puis se mue en une étrange nostalgie, un mélange d’angoisse et de désir, une peine douce et amère suscitant en nous la terrible impression d’avoir oublié quelque chose d’essentiel ou de passer à côté de quelque chose de terriblement important.
Ce désir sans objet perturbe les plans de vie les mieux ficelés, bouleverse les convenances et rompt les conditionnements ancestraux de nos aînés. Difficile, dans ces conditions, de sillonner les chemins balisés des bien-pensants, de perpétuer la tradition ou de trouver refuge dans les croyances de masse. Notre être tend à répondre à cet appel en s’immergeant toujours plus profondément dans son propre mystère et en s’aventurant dans des quêtes incertaines afin de rassembler sa totalité.
Dans cette aventure, nous ne savons pas à l’avance quels paysages nous traverserons, ni même quelle sera notre destination. Mais l’appel d’une dimension invisible ne cesse de nous hanter. Happés par nos contraintes sociales, familiales, et professionnelles, nous pouvons facilement nous détourner de ce cri, le renier et l’enfouir en nous, ou encore attendre une carte précise, un schéma bien rassurant avant de nous engager dans cette formidable entreprise. Nous attendons peut-être d’être convaincus de l’importance d’évoluer, ou du fait que le jeu en vaille la chandelle. Mais a-t-on vraiment le choix, si ce n’est celui de remettre à plus tard les sollicitations de l’infini ?
Dans l’intervalle si bref entre notre naissance et notre mort, n’y a-t-il pas autre chose à découvrir que ce que l’on nous impose ? Ne vaudrait-il pas la peine de pénétrer davantage le mystère de notre existence ? Sommes-nous invariablement destinés à souffrir de notre condition humaine sans espoir d’en sortir ? Que nous ayons pleinement accepté notre incarnation ou que nous rechignions à être « là », nous devons tous tirer parti de cette situation que l’on appelle la « vie », pour gagner en intelligence, en conscience et en amour.
La totalité de ce que nous sommes est un vaste domaine. Nous ne pouvons pas le réduire en tentant de le rationaliser ou en prétendant en faire le tour à travers l’ensemble de nos perceptions. Nous n’avons pas encore engagé toutes nos ressources dans l’exploration de notre vie intérieure. Mais une partie de nous n’a pas envie qu’on la dérange Nous nous réservons toujours une porte de sortie, au cas où les choses ne seraient pas à notre convenance ou ne correspondraient pas à nos attentes. Ce faisant, nous nous piégeons dans un courant qui nous fait tourner en rond, un courant qui nous donne l’impression d’avancer alors que nous restons sur place.
Il faut être animé d’une douce folie pour s’aventurer en terrain inconnu, une folie un peu ordinaire conduisant à l’authentique santé : celle que rien ne peut affecter, parce qu’elle est indestructible et éternelle. Le voyage au cœur de notre être élimine tout le faux pour ne révéler que le vrai : l’Être Authentique. Ce processus est parfois douloureux, ardu, éprouvant et effrayant, mais nous le savons juste, même si tout l’organisme résiste, grince, hurle et fond sous le feu d’une alchimie mystérieuse.
Lorsque nous dirigeons notre conscience de plus en plus profondément vers la source de notre être, en dissolvant graduellement toute identité et tout sens d’un moi individuel, nous découvrons que si chacun a ses propres difficultés, ce sont en fait toujours les mêmes sous différents masques. Tous les chemins individuels s’effacent un jour ou l’autre dans ce Travail d’envergure où tout est à conquérir à chaque instant.
Si notre intention est claire et sincère, notre regard tourné vers l’exploration de notre propre « matière », la personne que nous pensons être, avec ses joies et ses peines, ses bonheurs et ses plaisirs, est irrémédiablement amenée à se dissoudre comme une pastille effervescente jetée à l’océan. Cette formidable dissolution est un processus de transformation intérieure intense et puissant, nous ballottant dans tous les sens jusqu’à l’union ultime avec notre Essence. »